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La sobriété collective va de pair avec le combat contre la pauvreté

Thursday the 12th of May 2022

La sobriété collective va de pair avec le combat contre la pauvreté

Religieuse, philosophe, fondatrice du Campus de la transition, Cécile Renouard, l'une des grandes figures de la pensée économique et écologique milite en faveur d'une transition solidaire.

Vous êtes co-fondatrice du Campus de la Transition. Quel est le projet et l’avenir du Campus ?
Cécile RENOUARD : Le Campus de la Transition a été créé fin 2017, suite à l’intuition qu’une petite institution pourrait contribuer à aiguillonner des transformations dans l’enseignement supérieur, dans les modèles économiques et les modes de vie. C’est un éco-campus, un acteur en réseau et un écolieu, qui a pour ambition de contribuer à l’urgente mise en transition des organisations et des individus vers une sobriété heureuse et solidaire. Pour cela, il combine des formations, de la recherche et de l’expérimentation, avec une posture dite “radicale et non marginale”.
Nous aimons parler de l’approche systémique et intégrative développée au Campus comme liée à une pédagogie “tête-corps-coeur”: elle favorise l’acquisition de savoirs, savoir-faire et savoir-être, en s’appuyant notamment sur la méthodologie des 6 Portes développée dans le Manuel de la Grande Transition (LLL, 2020).


Vous avez beaucoup travaillé et écrit sur l’enjeu de l’entreprise comme « commun ». Comment voyez-vous évoluer le monde économique au regard des enjeux écologiques et humains ?
Aujourd’hui, les entreprises sont avant tout perçues comme des acteurs économiques, mais elles ont des responsabilités politiques, sociales, sociétales et environnementales. Ces responsabilités sont à la fois directes (liées aux conséquences qu’elles peuvent avoir directement sur des personnes ou des milieux vivants) et indirectes (liées à leurs effets cumulés avec d’autres qui peuvent entraîner des changements climatiques et écologiques dramatiques). Je propose de parler de RSE non pas comme responsabilité sociale et sociétale d’entreprise, mais bien comme responsabilité systémique : cela permet d’articuler ces responsabilités, et en particulier de chercher à faire converger les dimensions financières et extra-financières. Différents moyens pour y parvenir existent : un d’entre eux - discuté en France dans le cadre de l’élaboration de la loi PACTE - consisterait à transformer la définition juridique de la société commerciale afin d’intégrer que le profit est un moyen au service d’un projet dont il s’agit de vérifier qu’il est compatible avec l’intérêt général ; cela suppose aussi de faire évoluer les normes comptables, la fiscalité, le partage des revenus au long des chaînes de valeur mondiales… 

Le monde économique et les puissances publiques commencent doucement à évoluer pour changer les règles du jeu, souvent sous la pression de la société civile, et par appréciation du ‘coût de l’inaction’, mais on est encore très loin du compte. Il y a pourtant urgence à agir.


En tant que religieuse et philosophe, quel lien faites-vous entre l’écologie et la foi ?
Le Pape François a magnifiquement mis en évidence, dans l’encyclique Laudato si’, les interdépendances entre les personnes et le vivant, le fait que “tout est lié”. Il invite tous les hommes et femmes de bonne volonté à entendre à la fois le cri de la terre et le cri des pauvres. Il invite tous ceux et celles qui sont complices des violations des droits fondamentaux, par des modes de vie et des pratiques économiques insoutenables, à vivre une conversion écologique. Je pense que cette conversion est étroitement liée, pour les chrétiens, à la foi en un Dieu qui partage la condition humaine et fait à l’humanité la promesse d’une vie en abondance, dans l’amour, le souci de la justice et du bien commun.
Cette perspective nous invite à lutter contre l’hubris, la démesure que porte une pensée technoscientifique et économiciste déconnectée du souci premier de l’autre. Nous sommes invités à trouver notre liberté dans la reconnaissance des frontières planétaires, dans la qualité des liens plutôt que dans l’accumulation mortifère de biens. Bien sûr, le choix de la sobriété solidaire va de pair avec le combat contre la misère et toutes les formes de précarité subies par des personnes isolées et vulnérables.


Le 26 novembre, l’Université de la terre traitera notamment de la croissance d’une conscience humaine sur l’urgence des enjeux écologiques. Comment faire grandir cette conscience qui doit nous mener à l’action ?
La prise de conscience passe par la communication : il faut documenter, sourcer, diffuser, informer, transmettre, pour que les constats soient largement partagés.
Les impacts seront d’autant plus grands et forts que l’on arrivera à changer d’échelle d’action : d’individuelle à collective et structurelle, ce qui nécessite d’avoir un référentiel commun. Cette conscience passe non seulement par des chiffres, mais aussi par des images, des récits, par le développement de compétences relationnelles, émotionnelles, psychosociales, par l’accompagnement des discernements et des prises de décision en commun.
 

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